La mort et l’ange by Terry Stewart

Auteur:Terry Stewart [Stewart, Terry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1948-01-14T23:00:00+00:00

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Boutique en plein air où l’on vend du porc grillé.

CHAPITRE V

— Cette fois, dit Ben, j’étais vraiment dans le bain jusqu’au cou et je savais qu’il faudrait pas que je fasse trop de mouvements pour boire la tasse. La mort d’Harry Renshaw avait semé la panique dans la ville. Du jour au lendemain, je suis devenu célèbre. Donc, après ma petite virée à New York, je suis revenu à Whitestone. Au matin qui suivit mon retour, Sandra est venue me trouver au jardin où je flemmardais dans un transat. Elle tenait un paquet de journaux à la main. Elle les a posés sur mes genoux en disant :

« Tu devrais bien jeter un coup d’œil là-dessus, Ben. Il me semble que ça pourrait t’intéresser joliment. »

— Sur le premier canard, il y avait un gros placard avec des lettres comme ça… Il tenait tout le haut de la page et racontait des choses à faire pleurer : « Les ultimes révélations de notre regretté confrère Harry Renshaw, lâchement abattu par un jeune dévoyé. » Un jeune dévoyé ! Vous parlez de gnares et des types pas francs ! Sans blague, je pouvais tout de même pas laisser ce Renshaw continuer sa sale besogne de délateur ! Métier ou pas métier, il m’avait causé du tort et je maintiens que j’ai eu raison de le mettre en l’air. Faut savoir se défendre, dans la vie, et, en se taisant, il aurait évité tous ces ennuis. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Maat approuva distraitement. Au point où il en était !

— Ce qui m’a le plus épaté, continua Ben, c’est qu’il ait été capable de donner un compte rendu de notre conversation intime. Je connais pas beaucoup de types qui peuvent faire ça avec deux balles au cœur. J’y étais pas du tout mais j’ai compris en lisant l’article. C’était pas compliqué, comme vous allez voir : sans que je m’en aperçoive, il avait branché son dictaphone et tout s’est trouvé automatiquement enregistré. Comme gars à la hauteur, vous pouvez dire qu’il valait des milles et des cents avec ses astuces ! Tout se trouvait marqué sur le rouleau, depuis notre bonjour jusqu’aux coups de pétard de la fin. Vraiment, j’en apprenais tous les jours. Toutes les feuilles étaient remplies de tartines sur l’Ange Noir. Je me trouvais à la fois en vedette et dans le plus sale pétrin qui soit possible de croire. On réclamait les Feds, on voulait un exemple, et ça jetait des flammes par tous les côtés. Une sacrée publicité et sans avoir rien à payer !… Remarquez bien que je me fichais pas mal de ces discours d’une bande de trouillards. Rien que de penser à moi, ça leur faisait comme l’huile de ricin. C’était visible. Pour moi, restait plus qu’une chose à faire : continuer la bagarre et semer la terreur. Je voulais Charlie, je voulais qu’il mette les pouces et j’ai fini par y arriver. Pas sans mal… J’avais toute une ville contre moi, Maat : sept millions de bonshommes contre un seul ! C’est pas tous les jours qu’on voit ça.

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